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AMMONITE FANZINE-ALMANACH

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Qu’est-ce qu’un almanach ?

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Durant l’antiquité un « Almanach » est une publication qui a pour but d’éduquer et d’informer. Un des premiers almanachs s’intitulait par exemple « Les travaux et les jours » d’Hésiode (poète grec). L’almanach contient des informations sur l’agronomie, la navigation et la morale.

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En Europe, avec l’invention de l’imprimerie, il devient une publication très populaire. L’almanach conserve alors son but éducatif car même les analphabètes peuvent le lire à travers les images qu’il contient. Ces publications reprennent les dates du calendrier, les fêtes religieuses, les phases de la lune en lien avec le travail de la terre. Il présente aussi des recettes, des éphémérides, des astuces, des phrases célèbres, des contes et des remèdes.

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Ici, « AMMONITE[1] » est un fanzine qui s'inspire des almanachs d’autrefois et d’ailleurs. Il est créé à partir de plusieurs questions, envies et idées communes qui ont émergées lors des rencontres entre une artiste plasticienne et des néo-paysans* installés à Digne-Les-Bains.

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Lors de ces rencontres, l’idée a été d’imaginer un fanzine qui évoque nos pratiques contemporaines de la terre et le lien qui se tisse entre le corps et le territoire que l’on habite. 

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Cette version numérique, donne corps aux rencontres (physiques et virtuelles) et à ces longues marches faites dans chacune de leurs fermes entre octobre 2019 et mars 2020.

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Collaborateurs:

Jean CARRIGUE, Gilbert CORNIER, Julie MICHEL, Perrine PAIN, Thierry POMPORTES, Stéphan RIPOLL, Delphine VERRON, Rodrigo YATE DUARTE.

Un grand merci au Cairn Centre d'art, au Musée Gassendi et à l'Ecomusée de la Javie.

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L'artiste: 

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En tant qu’artiste Lauréat 2019, j’ai réalisé une résidence de recherche au CAIRN Centre d’art contemporain de Digne-Les-Bains. Cette résidence avait pour but de mettre en place une création en collaboration et d’établir des moments de rencontre sous la forme de « cercles de parole et de pensée[2] » avec des habitants de la région, pour engager une réflexion sur le corps comme extension ou avatar de la terre que nous habitons. 

 

De ce fait, il s’agissait de nous interroger sur la manière dont la mémoire, individuelle et collective, construit un « refuge[3] » à travers notre propre corps, les objets, les actions, la parole, les archives mais aussi à travers les relations à l’autre et au territoire

 

Ce fanzine-almanach, ainsi que la vidéo et la pièce sonore consultables en ligne, sont le résultat des réflexions faites avec ces néo-paysans qui ont investi le territoire dans une quête de « mieux vivre » et qui ont mis en place des pratiques économiques plus cohérentes, où la souveraineté alimentaire est au cœur des préoccupations. 

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Leur investissement sur le territoire, peut être aperçu comme un symptôme de changement[4] et de renouvellement perpétuel des relations avec la terre et l’homme, ainsi qu’avec la constante construction de la mémoire collective.

 

Cette mémoire se loge ainsi à travers des actions individuelles et à travers la réinvention et /ou transformation des pratiques des rituels quotidiens, comme par exemple la façon dont chacun travaille la terre et crée des liens avec elle et avec leur propre corps matériel et mental.

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Chacune de ces créations (fanzine, vidéo et pièce sonore) devient ainsi un activateur de relations entre leurs créateurs ou collaborateurs, permettant de tisser de nouvelles relations et de nouveaux regards sur nous mêmes et nos actions.

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Yamile VILLAMIL ROJAS

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[1] La forme de spiral de l’Ammonite nous renvoie à la figure de travail cyclique entretenue dans le processus d’une création en collaboration. Cette spirale nous fait penser à des symboles présents dans le travail et la culture de la terre dans les communautés indigènes à Pasto au sud de la Colombie. Mais aussi, elle nous renvoie à ce qui est propre à un territoire : dans ce cas la présence très forte des ammonites sur le territoire de Digne-Les-Bains et tout ce qu’elles représentent au niveau historique et géologique. 

[2] Ces « cercles de pensée et de parole » sont inspirés des Minkas : des pratiques de rassemblement faites pour les indigènes sur le Continent américain où à travers les cercles de parole et de pensée, une communauté engage un dialogue qui doit soutenir la mémoire individuelle et collective, en tissant les trames d’une société ou d’une culture. Ces rencontres avaient, et ont encore pour but de produire une « accélération des talents qui nourrissaient les peuples assemblés ». Nous pensons ainsi que dans la création collaborative le rassemblement des gens, sous un but commun, met en évidence les « talents » individuels et collectifs en rendant possible une création ou une oeuvre.

[3] Ici « Refuge » est compris de deux manières : tantôt étymologiquement, comme lieu où se rassemblent des gens avec des intérêts communs, où ils se sentent acceptés (Dictionnaire Larousse), tantôt comme un espace ou lieu symbolique où se garde une mémoire (inspiré de La poétique de l’espace de Gaston BACHELARD).

[4] Le besoin de retourner à la terre et changer de métier n’est pas une chose nouvelle en France, cela s’est passé aussi vers 1905 pour combattre l’exode rural, mais aussi dans les années 60’s-70’s quand les engagements socio-politiques de certains groupes, comme les hippies, ont fait de cela un sens de communautariste. Ici, c’est qui est nouveau, c’est justement qu’il n’y a pas une tentative de communautarisme, sinon plutôt un sens de faire « commun-unité » à partir des engagements individuels qui se ressemblent et se rassemblent dans un même lieu (Digne). 

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*Néo-paysan.e.s sont des gens qui se sont reconvertis de leurs métiers originaux vers les métiers du travail de la terre. « Ils sont issus de milieu urbain ou rural, de tout milieu social et catégorie socio-professionnelle et installent leur exploitation aussi bien à la campagne qu'en périphérie des villes ou bien en ville » Voir dans https://wikiagri.fr/articles/les-neo-paysans-aubaine-ou-fleau-pour-lagriculture-/14311#:~:text=Ainsi%2C%20l'association%20N%C3%A9o%2D,villes%20ou%20bien%20en%20ville.

D'Autres sources bibliographiques : Néo-paysans. Le guide (très pratique) de Sidney Flament Ortun et Bruno Macias, Les néo-paysans. Un livre écrit par Gaspard d'Allens (Reporterre) et Lucile Leclair, Néo-paysannes : Du métro aux récoltes sauvages, rencontre avec 10 femmes libres et innovantes ! de : Linda Bedouet

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